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Les Dolomites en camion pour les nuls


N'avez-vous jamais eu envie d'escalader ces austères tours de pierre des Dolomites, de découvrir le pays de la via ferrata et du terrain d'aventure, des strudels et de la bière bavaroise ?


Comme moi, vous avez surement été rebutés au premier abord par les prix des hôtels et des campings, l'aspect imposant des montagnes et le peu d'informations disponibles en français, et bien détrompez-vous : il est possible de trouver une multitude de grandes voies abordables, et de parcourir ce massif sans hypothéquer sa maison.


Au mois de septembre 2015, nous nous sommes rendus dans cette belle chaîne de montagne avec notre fidèle camion aménagé. Au programme, une dizaine de jours d'escalade et d'escapades autour de Cortina d'Ampezzo et des Tre Cime di Lavaredo.


Une petite vidéo pour vous mettre dans l'ambiance avant les conseils pratiques !


 

Pour grimper facile et dormir pas cher, c'est par ici :



Première étape : La maison sur roues.


Petit bivouac venté pour notre camion au col du Passo Sella, au pied des tours de Sella


Oubliez les hôtels bons marchés, ici pas de formule 1 mais seulement des 4 ou 5 étoiles. Du coté des campings, la nuitée pour deux en moyenne saison avoisine les 30 euros.


Un véhicule aménagé, un camping-car ou bien le camping sauvage s'avère être la solution la plus intéressante si vous restez plus d'une semaine.


Le prix du carburant est néanmoins prohibitif, aux alentours d'1€60 le litre de gazole. N'hésitez donc pas à faire le plein près des grandes agglomérations comme Milan ou Venise, car une fois dans les montagnes, gourmandes en carburant, le piège se referme !


Calculez au mieux vos itinéraires, car même si sur la carte la distance n'est pas grande, il vous faudra parfois franchir plusieurs cols pour vous rendre à destination !


Si votre véhicule est discret, (ne sortez pas la parabole, les boules de pétanque et la piscine gonflable), vous pourrez dormir sans problème aux cols, parkings et autres départs des accès aux falaises.


Room with a view, au Passo di Giau

Le confort ne tient parfois pas à grand chose !

L'idéal est d'avoir un système pour se doucher. (Oubliez la douche solaire. Oubliez le soleil d'ailleurs...). Aux environs de Cortina, vous ne trouverez ni douches publiques, ni piscines municipales où faire vos ablutions après une dure journée à vous cramponner aux rochers délités et poussiéreux. Dans la même veine, pas de lavomatic dans le coin.


Pour l'eau potable, vous trouverez de nombreuses sources en ville (une petite visite au cimetière de Cortina...), et quelques fontaines aux parkings de montagne.

Côté nourriture, difficile de trouver des petits restaurants bons marchés (pizza à 12 euros minimum à Cortina), et les supermarchés se rapprochent plutôt de nos supérettes de quartier. Il est donc judicieux de ramener sa nourriture de France, et de compléter avec de bons produits locaux comme la charcuterie et les pâtisseries.

Néanmoins, n'ayez crainte vous aurez largement l'occasion de participer à l'économie locale en payant les parkings obligatoires qui jalonnent ces jolies montagnes ! Aux Tre Cime par exemple, il vous en coûtera 24 euros par jour. A moins de dormir plus bas sur un parking ne coûtant que 14 euros, mais vous obligeant à prendre un bus pour rejoindre le premier parking. Magie des Dolomites, quand tu nous tiens...

Il est donc nécessaire de faire preuve d'un peu de débrouillardise pour vous frayer un chemin entre ces majestueuses montagnes !


Le camion dans la neige en septembre


Deuxième étape : bien choisir sa saison.


Plus au nord et plus à l'est que nos montagnes, les Dolomites sont soumises à un climat plus rude. Il est par exemple tout à fait possible de rencontrer les 4 saisons en une seule et même journée !


Paradis du ski de randonnée en hiver, les Dolomites s'ouvrent à l'escalade dès l'arrivée de l'été pour une période allant généralement de début juillet à fin septembre. Avant juillet, vous risquez de vous retrouver avec pas mal de neige, inconvénient supplémentaire sur des montagnes qui regorgent déjà de surprises...


Pendant la haute saison en Juillet/Août, il y a forcément plus de monde et tout est inévitablement plus cher, comme par exemple le prix des parkings, ou bien le prix des remontées mécaniques qui peuvent vous emmener dans certains cas au pied des voies.


Le mois de septembre semble donc être la meilleure période, moins fréquentée. Détail important, l'arrivée de l'automne vous offrira une variété de couleurs propices aux plus belles photos !


Troisième étape: bien s'équiper.


Qui dit Dolomites, dit terrain d'aventure, et donc très peu de protections en place ! Malgré le niveau relativement bas du ticket d'entrée (nombreuses voies classiques dans le IV et V), il faut avoir de bonnes connaissances en terrain montagnard, maîtriser la pose de coinceurs, et avoir une bonne lecture d'itinéraires dans des parois où les pitons ne sont pas forcément légion !


Malgré l'accès rapide à certaines voies faciles, il ne faut pas oublier que l'on ne progresse pas en terrain aseptisé. Chutes de pierres et vieux pitons ou coins de bois sont donc les petites surprises du quotidien.


Les coinceurs, vos meilleurs amis !

Un jeu de friends est donc obligatoire, avec un jeu de coinceurs classiques, et de nombreuses sangles et mousquetons. Autres alliés dans vos balades vertigineuses, une paire de Talkie Walkies ! Les voies étant souvent sinueuses, et le vent omniprésent, ils vous seront d'une aide bienvenue.


Si vous êtes toujours en train de lire et que ces petits conseils ne vont ont toujours pas rebutés, on entre maintenant dans le vif du sujet :

 

Où grimper ? Notre sélection de voies faciles


Les Cinque Torri, idéal pour commencer


Partis pour une dizaine de jours en septembre dernier, nous avons gravité autour de Cortina d'Ampezzo, du Passo Sella et des Tre Cime di Lavaredo. Les Dolomites sont un vaste terrain de jeu, les possibilités sont quasi infinies et la météo dicte souvent le choix du lendemain.

Les Cinque Torri, pour une découverte en douceur


Situées à quelques kilomètres de Cortina, les Cinque Torri sont un parc d'attraction miniature offrant aux grimpeurs un lieu idéal pour se familiariser avec le rocher du massif.


Les voies y sont courtes ( entre 2 et 4-5 longueurs pour la plupart), et permettent de grimper même quand le temps est incertain grâce à leur engagement minimum. En effet, l'accès se fait soit par un télésiège, soit en marchant à travers la forêt pendant une bonne heure. Les jours de faible affluence, on peut aussi monter sa voiture directement au refuge des Cinque Torri.


Des Dolomites Miniatures!

Voie des Guides, face Ouest de la Torre Grande, 130m AD P2 4b


Cinq longueurs dans le 4, pitons tout le long, à compléter de temps en temps par quelques coinceurs. Idéal pour faire quelques longueurs avant de se lancer dans le grand bain !


Topo ici

Petites voies, grandes sensations !


Torre Quarta Bassa, Voie Normale 70m, P2 III+


Une petite voie ludique, idéale pour un échauffement. Nombreux pitons et cheminement évident.

Topo ici


Torre Ingleses, Parete Est, 50m P2 IV-


Comme pour la précédente, avec un cheminent original.


Les Tours de Sella, pour prendre de la hauteur.


Un environnement grandiose


On entre ici dans le vif du sujet. Surplombant le Passo Sella, les tours de Sella offrent au grimpeur des itinéraires esthétiques avec des vues à couper le souffle sur les sommets environnants. Comme d'habitude dans les Dolomites le vide se creuse rapidement, malgré la longueur raisonnable des voies. Fini les pitons tous les deux mètres, on sort vraiment les coinceurs cette fois-ci !


On peut dormir au col, le départ des voies étant juste derrière l’hôtel Maria Flora.


Première tour de Sella, Spigolo Steger : 130 m P2 V


Très belle voie historique, un must pour les grimpeurs de passage ! L'usure du passage clef le rendent un peu athlétique, mais cela rajoute du piquant ! De la belle escalade comme on en rêve en se rendant dans ce massif.


Topo ici


Seconde Tour de Sella, Fissure de droite, 125m P2 III+

Si vous avez le temps en redescendant du sommet de la première tour, rattrapez la partie sommitale de la seconde tour par cette voie de quatre longueurs .

Topo ici




Le groupe de Nuvolau


Au sud-ouest des Cinque Torri, le groupe de Nuvolau propose des voies intéressantes avec une vue panoramique sur la Marmolada. Avec un accès à pieds un peu plus long au départ du Passo di Giau (possibilité pour les feignants de prendre une remontée mécanique ), vous ne serez pas gênés par la foule !


En route vers le groupe de Nuvolau, la Punta Dellago est au centre



Punta Dellago, via della Vipera , 150m P3 IV+


Belle voie de cinq longueurs qui utilise les lignes de faiblesse de la paroi. Il y en a pour tous les goûts, dalles, cheminées, traversées... Attention aux quelques pierres instables sous le sommet. Du haut, superbe panorama à 360 degrés sur le Passo Pordoi et la Marmolada.

Topo ici


Au sommet de la punta Dellago

Croda Negra, via Gian Leo, 170m P3 170m

Plus fréquentée que la précédente car approche moins longue, cette voie propose quand même six longueurs de belle escalade a proximité du Passo Falzarego.

Topo ici


Les Tre Cime di Lavaredo, des voies mythiques et dures, mais pas que....


Pour les plus téméraires...


Impensable de passer par les Dolomites sans faire un pèlerinage aux Tre Cime, temple historique de l'escalade, où résonnent encore les coups de marteaux de Ricardo Cassin et de Comici...


Si comme nous vous ne grimpez pas dans le 7c sur coinceurs, pas de panique, il y a quand même des choses à faire, comme la voie normale de la Cima Grande, ou l'arrête Nord-Ouest du Monte Paterno.


Pour notre part, ce fut le moment de découvrir la via ferrata originelle, à l'italienne. En effet, les via ferrata étaient à l'époque de la première guerre mondiale le moyen pour les soldats d'évoluer en pleine montagne et de construire des avants-postes imprenables, au-dessus de leurs ennemis.


On évolue ici entre ciel et terre dans des tunnels ( prévoyez la frontale), et au creux des parois, en se demandant bien ce qui a prit aux hommes de se battre dans un environnement aussi fantastique.


Le Monte Paterno, surplombant le refuge Locatelli


Nous avons donc choisi la via ferrata Innerkofler du Monte Paterno, qui traverse de part en part cette montagne dominant les Tre Cime.


Avec du matériel adéquat (pas de location aux environs), les sommets des Dolomites sont ainsi accessibles aux novices. Méfiance tout de même car les via sont comme les voies d'escalades, un peu engagées. Il est donc idéal d'avoir le pied montagnard et de savoir s'orienter.


Bien que facile, sensations garanties dans cette belle via!

Entre deux sections de via, au Monte Paterno


Pour profiter au mieux de ce décor à couper le souffle que sont les Tre Cime, nous avons choisi d'emporter la tente avec nous. Le problème est que le bivouac est très mal perçu, et les refuges se rapprochent plus de l’hôtel de luxe que des petites huttes sommaires. On nous a ainsi raconté que certains guides dénonçaient ceux qui dormaient sous la tente. Bonne ambiance.


Nous avons donc trouvé une solution plus sure et surtout plus originale, dormir dans une ancienne grotte où l'on installait les canons pendant la guerre! Juste au-dessus du refuge Locatelli, plusieurs trous d'une bonne surface constituent un abri idéal. Ce jour là, le vent soufflait à près de 100 km/h, nous étions donc bien planqués! Veillez bien à ne rien laisser sur place...

Une nuit dans un trou à canons, pas mal comme hôtel !

La vue depuis la suite. On est quand même mieux qu'en prison !


Ne vous laissez donc pas dissuader par le prix du parking, les Tre Cime valent à elle seules le voyage aux Dolomites !


Un terrain de jeu infini ...

Nous en sommes restés là, après presque deux semaines d’errance à travers l'ouest des Dolomites, et n'en avons aperçu qu'une partie. Mais l’éventail des possibilités est énorme, et il faudrait tout une vie pour tout explorer.


La prochaine fois, nous aimerions poser nos coinceurs du coté du Cattinacio, de la Marmolada, de la Brenta...


Nous reviendrons !

Au revoir les Dolos!


Les topos et sources d'informations

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Avant de vous lancer dans l'aventure, n'hésitez pas à vous procurer les topos de Mauro Bernardi, disponibles en Italien et en Autrichien ( personnellement j'ai fait espagnol en lv2). Ils sont en plusieurs tomes selon la difficulté, mais nous avons utilisé celui consacré aux plus belles voies dans le III et IV. Vous aurez ainsi l'embarras du choix.

En ce qui concerne les cartes, l'éditeur Tabbaco édite des cartes au 25 000ème de bonne qualité.

Comme les topos, les cartes sont disponibles un peu partout sur place.

Du coté des sites internet, n'hésitez pas à faire un tour sur la page de Paulo Grobel consacrée aux Dolomites ici

Le site escalade-aventure propose aussi de nombreux topos détaillés couvrant une grande partie des Dolomites, avec un classement par massif, chapeau à eux pour le travail ! Disponible ici

Et bien sur, la base de données camp to camp

 

En espérant que ce petit guide pour les Sans Dolomites Fixes vous aura plus!

A bientôt!

Yannick

(Mon site c'est par ici)

Crédits photos réservés Yannick Guyot

Quelques autres photos pour la route !


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